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Orchis mâle - Orchis mascula
Orchis mâle photographiée sur un talus de Saint-Hilaire-sur-Rille (Orne) en bord de route, avril 2023.
Clade :
Ordre :
Famille :
Genre :
Espèce :
Monocotyledones
Asparagales
Orchidaceae
Orchis
Orchis mascula
Étymologie et histoires
L’étymologie de l’Orchis mascula (autrefois nommée Orchis morio var. mascula L. ou sous le nom de Androrchis mascula) proviendrait d’un mélange de grec et de latin.
Orchis vient du grec órkhis (ὄρχις) qui signifie “testicule” et fait référence aux tubercules de l’orchidée qui font penser à l’anatomie masculine.
mascula vient du latin masculus qui signifie “mâle” ou “masculin”.
Ce terme ferait référence à la forme d’éperon de la fleur qui fait penser à l’attribut masculin, ou encore une fois, aux tubercules de l’orchidée.
Physiologie
Orchis mâle photographiée sur un talus de Saint-Hilaire-sur-Rille (Orne) en bord de route, avril 2023.
L’orchis mâle, aussi appelée Satyrion mâle, est une plante vivace à tubercule ovoïde (en forme d’œuf) atteignant entre 15 et 60cm de haut. Les feuilles “basales” (de 4 à 8) oblongues (plus longues que larges) et lancéolées (en forme de fer de lance) sont tâchées de brun (les feuilles peuvent être plus ou moins tachetées). Cette particularité se retrouve chez d’autres espèces d’orchidée comme l’Orchis tacheté (Dactylorhiza maculata, anciennement Orchis maculata). D’autres feuilles sont présentes le long de la tige, elles sont dites engainantes, moins nombreuses (2 à 4), moins épaisses et rarement mouchetées de brun. Les feuilles sont à nervures parallèles, trait distinctif des monocotylédones, même s’il existe des exceptions comme la Goodyère rampante (Goodyera repens), une orchidée elle aussi.
L’orchis mâle possèdent 2 tubercules, l’un va servir à la croissance de la plante et fournira les réserves nécessaires à son développement, cette activité source va le vider et il flétrira. Le second tubercule va se remplir durant la belle saison afin d’être prêt lors de l’année suivante pour permettre la croissance de la plante. Aussi, l’orchis mâle dispose en permanence de 2 tubercules, l’un “flétri” et l’autre “gorgé”.
Sa floraison est précoce et a lieu d’avril à juillet !
C’est le moment de découvrir des Orchidées mâles dans vos jardins et villages 🌿 🔎
Comment différencier les Ophrys des Orchis ?*
*Avec l'évolution des connaissances botaniques et de la nomenclature, cette aide à la différenciation est valable pour les noms vernaculaires. Certaines Orchis notamment ayant été reclassées dans différents genres au cours des ans.
Orchidée pyramidale photographiée sur une zone de fauche tardive de l’Université de Caen en juin 2022.
Orchidée abeille photographiée sur une zone de fauche tardive de l’Université de Caen en juin 2022.
L’orchidée mâle appartient aux Orchis (certaines renommées dans les genres Anacamptis, Himantoglossum ou encore Neotinea) qui peuvent se différencier des Ophrys par leur inflorescence. Les Ophrys présentent des fleurs visuellement “individuelles” (image de droite ; Ophrys apifera) sur une hampe florale tandis que les Orchis disposent d’une grappe de fleurs (image de gauche ; Anacamptis pyramidalis). Attention, de petites malignes peuvent essayer de vous duper, comme l’Orchis à fleurs lâches (Anacamptis laxiflora).
Fleurs légendées
Sur la hampe florale de forme ovale ou cylindrique, cette orchidée possède de multiples fleurs disposées de manière lâche (fleurs relativement écartées les unes des autres). En terme de taille, les bractées égalent l’ovaire (voire la dépassent légèrement) et sont parcourues de 1 à 3 nervures. Les sépales et les pétales ont une couleur allant du rose au pourpre.
Sur les fleurs, le sépale dorsale et les pétales sont connivents et vont se rejoindre pour former un casque protecteur au-dessus des pollinies. Les sépales latéraux sont aigus à acuminés, parfois obtus. Ces derniers peuvent être étalés ou redressés.
Le labelle est moucheté de pourpre et trilobé. Les lobes sont relativement égaux (en taille) et le lobe médian est échancré.
L’éperon est aussi long que l’ovaire, de forme cylindrique en massue. Il est ascendant et donne l’impression de se dresser comme l’attribut masculin, ce qui est une piste possible quant à l’explication de son nom, Orchis mâle.
Pollinisation croisée
L’orchis mâle attire ses pollinisateurs à l’aide de son odeur, sa forme et son éperon. Bien qu’attractif, l’éperon est cependant un leurre ! En effet, il n’est pas empli de nectar. Pourtant, nombreux sont les pollinisateurs à se faire duper, comme les bourdons ou les abeilles solitaires. En s’accrochant à la fleur pour obtenir le nectar, le pollinisateur devra avancer sa tête au plus proche du conduit de l’éperon. Ce faisant, il s’approchera du rétinacle. Le rétinacle est une pièce fortement visqueuse de l’étamine qui est surmontée par les pollinies (au bout des caudicules). Aussi, les pollinies (contenant le pollen) vont basculer et se coller sur le pollinisateur. En repartant il emportera le pollen de la fleur et lorsqu’il ira visiter une nouvelle fleur, les pollinies se trouveront à l’emplacement idéal pour venir déposer leur pollen sur le stigmate (réceptacle femelle de la plante). Ainsi il permettra la pollinisation croisée de l’espèce par entomogamie.
Protection
En se référent à l’INPN (Inventaire National du Patrimoine Naturel), l’orchis bouc est une espèce déterminante de ZNIEFF (Zones Naturelles d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique). Elle est protégée et inscrite sur la liste rouge en préoccupation mineure (LC).
Habitat
L’orchis mâle (Orchis maculata) est une espèce de communautés mésoxérophiles voire mésophiles, c’est-à-dire supportant une balance humidité-sécheresse allant d’une tolérance à un milieu relativement sec jusqu’à un milieu au centre de la balance. Elle préfère les sols calcaires (espèce calcicole) avec un pH plutôt basique, et peu pourvu en matière organique. Elle apprécie particulièrement un bon ensoleillement, mais peut parfois être rencontrée en zone mi-ombragée. Les milieux sur lesquels elle peut être observée sont les talus, les bois (exemple d’habitat : Chênaies-charmaies calciphiles subatlantiques à Troène), les pelouses calcaires naturelles, fauchées ou peu pâturées, les près, les prairies (exploitation extensive).
Il est souvent difficile de chercher et de trouver des zones propices à l’observation de telle ou telle espèce, cependant il est astucieux de se souvenir que les bas-côtés et les fossés à talus sont des zones à la biodiversité extraordinaire. En flânant le dimanche, pensez à jeter un coup d’œil sur le bord du chemin, ce que vous y verrez pourrait vous surprendre. En attendant, n’hésitez pas à transmettre vos observations pour permettre à d’autres de jouir d’une si belle espèce, la zone de commentaires en bas de cette page sert à cela ! ✏️
Si vous passez par Caen, promenez-vous du côté de l’Université, cette dernière a mis en place un système de protection de la biodiversité en créant des zones de fauches tardives où il vous sera possible d’observer cette magnifique espèce accompagnée de l’orchidée bouc, l’orchidée pyramidale et l’orchidée abeille.
Références
ECF. Quelle est cette fleur. L’Orchis mâle Orchis mascula subsp. mascula. Consulté en mai 2023.
eFlore. Orchis mascula (L.). Consulté en mai 2023.
Fleurs sauvages du Québec. Glossaire botanique et floral. Consulté en mai 2023.
Flore de provost.
MNHN & OFB [Ed]. 2003-2022. Fiche de Orchis mascula (L.) L., 1755. Inventaire national du patrimoine naturel (INPN). Consulté en mai 2023.
Paul Montagne, sur le site Monde de Lupa. Fiche fleur Orchidées. Consulté en mai 2023.
Un commentaire
Merci pour ce bel article soigneusement illustré et riche d’informations, qui m’apprend à observer et respecter la beauté de mon environnement.
Marguerite